le 4 décembre 2019
Fournir un accès rapide aux services de santé mentale et de lutte contre les dépendances – Juin 2018
Quel était l’objet de cet audit?
Chaque année au Canada, environ une personne sur cinq connaît un problème de santé mentale (un trouble de l’humeur, de la pensée et/ou du comportement). Certains des troubles les plus courants sont la dépression, l’anxiété et les problèmes de toxicomanie. Les troubles mentaux et les dépendances sont associés à un état de détresse et de dysfonctionnement. Les nombreuses ressources des systèmes de santé et de services sociaux sont à la disposition des personnes atteintes.
L’audit de 2018 du Bureau de la vérificatrice provinciale de la Saskatchewan portait sur les services de santé mentale et de lutte contre les dépendances fournis par l’ancienne région sanitaire, Prince Albert Parkland Health Region (ci-après « PA Parkland »), qui fait désormais partie de l’Autorité sanitaire de la Saskatchewan (Saskatchewan Health Authority). Située au centre de la Saskatchewan, cette région sanitaire s’étendait sur environ 29 000 kilomètres carrés et Prince Albert y était la plus grande ville. Avec ses quelques 40 000 habitants, Prince Albert est la troisième ville la plus peuplée de la province et la dernière localité importante sur la route qui mène au nord de la Saskatchewan.
PA Parkland comptait le troisième plus grand nombre de clients des services ambulatoires de santé mentale ayant un dossier actif (après les anciennes régions sanitaires de Regina et de Saskatoon). PA Parkland regroupait environ 11% de tous les clients en santé mentale de la province (3 969 sur 35 196 pendant l’exercice 2015-2016). En 2016-2017, PA Parkland a dépensé 13,2 millions de dollars pour la santé mentale. Les dépenses en santé mentale par habitant y étaient les plus élevées de la province après celles d’une autre région sanitaire, la Prairie North Health Region. De plus, en 2015-2016, PA Parkland se plaçait en troisième position en termes de taux d’admission des jeunes et des adultes en centre de traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie, de proportion d’utilisateurs de drogues injectables et de pourcentage de recours aux services ambulatoires de lutte contre les dépendances.
Le rapport d’audit (en anglais seulement) est disponible sur le site Web du Bureau de la vérificatrice provinciale de la Saskatchewan.
Depuis longtemps, l’accès rapide à des soins continus par les personnes ayant des troubles mentaux graves et persistants est jugé essentiel à l’obtention de bons résultats. La continuité des soins est associée à une amélioration de la qualité de vie, du fonctionnement social et de la satisfaction à l’égard des services. Pour leur rétablissement, il est important que les clients des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances reçoivent le bon traitement au bon moment.
Cet audit examinait si l’Autorité sanitaire de la Saskatchewan avait mis en place des processus efficaces (pendant la période de 12 mois s’achevant le 31 janvier 2018) pour fournir un accès opportun aux services de santé mentale et de lutte contre les dépendances dans l’ancienne région sanitaire Prince Albert Parkland.
Qu’est-ce que l’audit a permis de constater?
Selon les conclusions du rapport d’audit, la demande de services de santé mentale et de lutte contre les dépendances dans l’ancienne région sanitaire PA Parkland dépassait sa capacité de prestation. Les lits d’hôpital pour patients ayant des troubles mentaux y étaient souvent tous occupés et certains clients se voyaient refuser les services de désintoxication dont ils avaient besoin. Les temps d’attente pour les clients dépassaient les limites fixées par PA Parkland. À titre d’exemple, en 2017, environ 80% des enfants et des jeunes clients ayant un trouble mental jugé modéré n’avaient pas vu de psychiatre pendant la période cible de 20 jours. De plus, 14% des clients des services ambulatoires de santé mentale dont les dossiers ont été examinés avaient attendu plus longtemps que prévu considérant le résultat de l’évaluation de triage effectuée. Dans un dossier, le premier rendez-vous a par exemple été pris 79 jours après la date cible. Les longues périodes d’attente peuvent conduire à une aggravation de l’état de santé des clients ayant des troubles mentaux et, dans certains cas, entraîner d’importants effets indésirables.
L’audit a révélé que PA Parkland commençait tout juste à abandonner les dossiers papier pour mettre en place un système électronique de santé mentale à l’échelle provinciale. Chacun des différents services (par exemple une unité de désintoxication ou un service d’hospitalisation des patients ayant des troubles mentaux) tenait un dossier papier distinct, si bien qu’il y avait souvent plusieurs dossiers pour une seule et même personne. Le contenu de ces dossiers n’était pas partagé au sein de la région. L’absence d’un dossier unique peut entraver le traitement des clients et compromettre l’efficacité de la prestation des soins.
PA Parkland n’avait pas non plus accès aux renseignements sur les services de santé mentale et de lutte contre les dépendances offerts par d’autres fournisseurs de soins de santé publics comme les médecins de famille, ce qui réduisait sa capacité de dispenser un traitement approprié et de contribuer à la continuité des soins.
En outre, l’audit a montré que jusqu’à 39% des clients des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances ne se présentaient pas à un rendez-vous. PA Parkland n’a pas apporté la preuve qu’elle assurait le suivi des clients ayant manqué un rendez-vous planifié pour évaluer leur état de santé. Les rendez-vous manqués perturbent la continuité des soins et mobilisent inutilement le personnel.
Quelles ont été les conséquences de l’audit?
L’audit a été largement médiatisé et a retenu l’attention de la population. De nombreux articles et reportages ont donné des exemples de situations spécifiques observées à l’échelle communautaire et ont cité le rapport de la vérificatrice provinciale, Judy Ferguson, ainsi que les propos qu’elle a tenus lors de sa conférence de presse, pour mettre en lumière les domaines dans lesquels la prestation d’un traitement opportun des troubles mentaux et des dépendances doit être améliorée.
Les recommandations d’audit à l’intention de l’Autorité sanitaire de la Saskatchewan sont les suivantes :
- Évaluer officiellement si les services de santé mentale et de lutte contre les dépendances répondent aux demandes des clients et apporter les ajustements nécessaires.
- Mettre en place un système électronique intégré de gestion des dossiers de santé mentale à l’échelle provinciale.
- Élaborer une stratégie de collecte d’informations clés sur les clients des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances auprès des professionnels de la santé, pour le système provincial intégré de gestion des dossiers de santé mentale.
- Identifier et analyser les profils d’utilisation des clients réguliers des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances.
- Collaborer avec le ministère des Services sociaux afin d’améliorer l’accès aux options de logement pour les clients des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances.
- Utiliser un modèle pour aider le personnel à fournir aux clients des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances qui sont mieux adaptés à leurs besoins.
- Demander au personnel de documenter le soutien fourni après la désintoxication.
- Réfléchir à des solutions de remplacement permettant de réduire le nombre de patients ayant des troubles de santé mentale et des dépendances qui ne se présentent pas à un rendez-vous ou pour un traitement prévu, par exemple en téléphonant aux clients pour leur rappeler les prochains rendez-vous.
- Apporter la preuve qu’un suivi est effectué lorsque les clients ne respectent pas leur programme de traitement des troubles mentaux et des dépendances.
- Faire le suivi et un rapport précis des temps d’attente pour l’accès aux services ambulatoires de santé mentale et de lutte contre les dépendances
Le Comité permanent des comptes publics de la Saskatchewan s’est réuni pour discuter de ce rapport et a entériné les recommandations, tout en notant que l’Autorité sanitaire de la Saskatchewan faisait des progrès pour s’y conformer. Depuis la publication du rapport, le gouvernement provincial a annoncé, dans le budget 2019-2020, de nouveaux investissements importants dans les services de santé mentale et de lutte contre les dépendances.
Quelles leçons peut-on tirer de cet audit?
Un petit audit peut aborder un sujet important s’il est géré efficacement |
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Le choix d’un sujet d’audit ne s’effectue pas qu’à l’aune des gros programmes de dépenses, mais aussi en fonction des citoyennes et citoyens qui sont plus à risque de ne pas recevoir le traitement dont ils ont besoin |
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La mise en œuvre de changements organisationnels peut compliquer les activités d’audit |
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Le rôle des autres organisations, lorsqu’il est pertinent, doit être reconnu |
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Fournir les sources d’information peut renforcer la crédibilité d’un rapport d’audit |
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