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le 10 avril 2018
Qu’est-ce que la technologie de registres distribués?
Quelles sont les répercussions sur les auditeurs?
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IntroductionLa technologie de registre distribué, également appelée « chaîne de blocs », se présente comme une technologie qui risque de révolutionner les façons de faire. Introduite initialement après la crise financière mondiale en 2008, comme technologie sur laquelle repose la cryptomonnaie appelée bitcoin, la TRD a été conçue dans l’optique d’éliminer le besoin d’un tiers de confiance pour les opérations en ligne1. Selon le Global Agenda Council on the Future of Software and Society, du Forum économique mondial, la technologie de la chaîne de blocs est l’une des six grandes tendances qui façonnent la société en matière de logiciels et de services2. CPA Canada a jugé opportun de placer cette technologie novatrice « sur son écran radar» et d’en suivre l’évolution de près compte tenu de son incidence potentielle sur la profession comptable3. La Banque du Canada surveille également l’évolution de cette technologie. En quoi la TRD change-t-elle la donne?Un registre distribué est essentiellement une base de données d’actifs qui peut être mise en commun par la voie d’un réseau d’une multitude de sites, de lieux géographiques ou d’institutions. Tous les participants au sein d’un réseau possèdent leur propre copie identique du registre. Toute modification apportée au registre apparaît aussitôt dans toutes les copies du registre, dans les minutes qui suivent, ou même, dans les secondes qui suivent. Il peut s’agir aussi bien d’actifs financiers que d’actifs juridiques, physiques ou encore électroniques. La sécurité et l’exactitude des actifs inscrits au registre sont maintenues par une méthode de chiffrement et au moyen de « clés » et de signatures permettant de contrôler l’auteur ainsi que la nature exacte des opérations qui peuvent être portées au registre commun. Les inscriptions au registre peuvent aussi être effectuées par un participant, plusieurs participants ou encore tous les participants, dépendant des règles convenues au sein du réseau4. Blockchain France a produit un court vidéo qui résume ces concepts efficacement. Les opérations inscrites au moyen de la TRD ont les caractéristiques suivantes :
La technologie sous-jacente à la TRD est susceptible de perturber les modes de fonctionnement en raison du fait qu’elle permet de résoudre un problème essentiel qui se pose depuis la création d’Internet : celui de déterminer dans quelle mesure il est possible de compter sur des tiers pour l’exécution d’opérations. Jusqu’à maintenant, les solutions offertes mettaient obligatoirement à contribution des tierces parties, ce qui entraînait des coûts, des délais et des inefficiences supplémentaires. Les ordinateurs qui constituent une chaîne de blocs font appel à un processus automatisé pour valider le format de l’inscription d’une opération qui doit à son tour figurer dans le « bloc » suivant. Une fois ce « consensus » établi, l’information est enregistrée dans un bloc. La série complète de blocs constitués en une chaîne devient ainsi un « registre » qu’on appelle « chaîne de blocs ». Chacun des ordinateurs mis à contribution pour constituer le réseau de chaînes de blocs conserve une copie du registre complet qui est mis à jour en temps réel dès que de nouveaux blocs sont créés et validés. Dès lors qu’un consensus sur l’opération concernée s’établit entre les participants, cela élimine la nécessité de faire appel à un tiers de confiance agissant comme intermédiaire pour faciliter le processus. Le modèle de « confiance distribuée » que permet la technologie de la chaîne de blocs s’oppose aux modèles de « confiance centralisée » sur lesquels reposait jusqu’à présent la réalisation des opérations. Par exemple, le nouveau modèle permet à un participant, moyennant une entente, de transférer de la cryptomonnaie comme le bitcoin, à un autre participant, par l’intermédiaire d’un réseau de chaînes de blocs, sans l’intervention d’une banque. Comme toute technologie émergente et prometteuse, la TRD comporte des inconvénients et des imperfections qu’il faudra éliminer ou atténuer avant d’en généraliser l’exploitation. Le piratage ciblant le projet DAO, un fonds de capital-risque dirigé par des investisseurs, en juin 2016, qui s’est soldé par une perte de 70 millions de dollars, est un exemple récent de la vulnérabilité de la TRD. Il ne s’agissait pas d’une faille de la TRD en tant que telle, mais plutôt de celle d’un autre logiciel sur lequel elle s’appuyait, mais l’attaque a exposé le fait que la TRD n’était pas à tout épreuve si elle n’était pas mise en œuvre de manière diligente et prudente5. Incidences sur la profession de l’auditLes répercussions de la TRD sur les activités d’audit commencent à se faire sentir. Toutes les indications ayant trait à la TRD jusqu’à maintenant mènent à penser que cette technologie perturbera les activités et les façons de faire des auditeurs et exigera une certaine adaptation. Parmi les hypothèses envisagées à l’égard de l’audit financier, on compte aussi bien l’élimination totale en théorie de la nécessité de l’audit financier en raison de l’immuabilité des registres distribués, que l’intégration complète des activités d’audit dans le processus de production des états financiers au moyen de la chaîne de blocs. Le premier scénario est envisagé dans un document parrainé par le gouvernement du Canada et distribué par Blockchain Supercluster : [traduction] « Envisageons l’incidence unique de la comptabilité en partie triple sur la transparence et la responsabilisation du gouvernement. Il est tout à fait possible, par exemple, que la fonction de vérificateur général fédéral soit remplacée par une fonction d’audit en temps réel sur une nouvelle plateforme gouvernementale de chaîne de blocs. Plutôt que de mener à la découverte un an plus tard de dépenses inappropriées ou de gaspillage, cela permettrait de bloquer sans délai de telles dépenses » 6. Par ailleurs, chacun des « quatre grands » cabinets comptables a constitué un groupe de travail chargé d’explorer les occasions d’affaires que pourraient offrir les technologies associées à la TRD7. Les répercussions possibles à l’égard des activités d’audit de performance laissent entrevoir de profonds changements dans la gestion des données et des actifs numériques par les organismes audités. Il faudra notamment repenser la nature des éléments probants nécessaires pour permettre d’obtenir le niveau de certification qui répond aux normes professionnelles, et la façon de recueillir ces éléments. Les occasions qui s’offrent aux auditeurs législatifsLes organismes doivent trouver les manières de s’adapter et faire preuve de résilience. En grande partie, ils peuvent y parvenir en discernant les occasions que présente la transformation avec laquelle ils ont à composer. Les auditeurs législatifs auraient avantage à concentrer leur attention sur les points suivants :
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Auteur
Yves Genest, Vice-président, Produits et services, FCAR. Pour toute question ou commentaire sur cet article, veuillez contacter l’auteur à l’adresse ygenest@caaf-fcar.ca.
Sources
1 Satoshi Nakamoto, Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System, 31 octobre 2008, en anglais seulement, accessible à : http://nakamotoinstitute.org/bitcoin
2 Forum économique mondial, Realizing the Potential of Blockchain, juin 2017, en anglais seulement, et Forum économique mondial, Deep Shift – Technology Tipping Points and Societal Impacts: Survey Report, septembre 2015, en anglais seulement, accessible à : www3.weforum.org/docs/WEF_GAC15_Technological_Tipping_Points_report_2015.pdf
3 CPA Canada, Perturbation technologique des marchés financiers et de la communication de l’information? Aperçu de la chaîne de blocs, 2016.
4 UK Government Office of Science, Distributed Ledger Technology: Beyond Block Chain: A Report by the UK Government Chief Scientific Adviser, 2015.
5 Ibid., p. 20.
6 The Tapscott Group, op. cit., p. 32.
7 Prableen Bajpai, ’Big 4' Accounting Firms Are Experimenting With Blockchain and Bitcoin,en anglais seulement, accessible à : http://www.nasdaq.com/article/big-4-accounting-firms-are-experimenting-with-blockchain-and-bitcoin-cm812018
8 CPA Canada, op. cit., p. 19.
9 Ibid.