Si l’analogie du pipeline est évidente pour une activité de distribution de fournitures, elle peut également être appliquée à un large éventail d’audits axés sur les résultats, comme détaillé dans le tableau 1.
Tableau 1 – Application de l’analogie du pipeline à différents types d’audits axés sur les résultats
Objet de l’audit |
Intrants, extrants et fuites |
Projets |
Dans un audit de projet, à la sortie du pipeline, il faut que les projets soient menés à bien selon le calendrier et le budget prévus et que les besoins recensés soient satisfaits. Si tel n’est pas le cas (le regretté Michael Ferguson, ancien vérificateur général du Canada, avait coutume de dire qu’il n’existait pas de projet répondant à ces trois critères), il convient de déterminer à quel endroit du pipeline les résultats sont insuffisants et quels contrôles sont déficients. Les causes habituelles sont des évaluations des besoins inadéquates, de mauvaises analyses de rentabilisation, l’incapacité d’identifier les risques et l’attention insuffisante accordée aux tests. |
Pensions alimentaires |
Dans un audit des pensions alimentaires, à la sortie du pipeline, il faut que tous les demandeurs admissibles reçoivent des paiements exacts et opportuns qui sont conformes aux exigences des ordonnances judiciaires. Si certains paiements ne répondent pas à ces critères, les fuites peuvent être dues à des retards dans la prise de décision, à de mauvaises évaluations de l’admissibilité ou à des calculs erronés. |
Services |
Dans un audit des services, à la sortie du pipeline, il faut que les services soient fournis en temps opportun et qu’ils respectent les normes de qualité. Si certains ou l’ensemble des clients reçoivent des services insatisfaisants, où se situent les principales fuites? Les fuites peuvent être spécifiques à certaines régions ou à certains groupes de clients (les inégalités entre les sexes sont une cause possible), ou bien provenir de problèmes plus généraux comme des retards, de mauvaises évaluations de l’admissibilité ou des problèmes de livraison. |
Économie |
Les audits de l’économie se concentrent souvent sur l’approvisionnement ou la rémunération des ressources humaines, au sens où les extrants à la sortie du pipeline doivent répondre aux spécifications requises au moindre coût. Si tel n’est pas le cas, il convient de déterminer à quel endroit du pipeline l’économie n’est pas dûment prise en compte. Les fuites sont habituellement dues à des retards, à des marchés concurrentiels trop étroits ou à une mauvaise définition des ressources nécessaires. |
Efficience |
Dans un audit de l’efficience, à la sortie du pipeline, il faut que les résultats produits se conforment à des normes prédéterminées ou comparatives qui sont garantes d’efficience. Si tel n’est pas le cas, il convient de déterminer à quel endroit du pipeline se trouvent les fuites en termes d’efficience. À titre d’exemple, la réalisation d’analyses comparatives en interne (comparaison entre les régions) ou à l’externe (comparaison entre des juridictions similaires) peut permettre d’identifier les variations de coûts selon les extrants et de déterminer pourquoi certains endroits sont moins efficients que d’autres. Les principales fuites peuvent être dues à des processus obsolètes, à une formation et des équipements inadéquats ou à un sureffectif. |
Efficacité |
Dans un audit de l’efficacité, à la sortie du pipeline, il faut que les résultats répondent à l’objectif du programme et que tous les effets escomptés soient obtenus sans grandes conséquences négatives et non souhaitées. Si certains ou la totalité des résultats du programme sont insuffisants, d’où proviennent les problèmes? |
Environnement |
Les audits environnementaux partagent des caractéristiques avec les autres types ci-dessus, car ils peuvent être relatifs à des projets environnementaux, impliquer un soutien financier ou des services, et les objectifs de l'audit peuvent couvrir l'économie, l'efficience et l'efficacité. Les résultats peuvent se mesurer en termes de respect des engagements internationaux en matière d'environnement ou d'amélioration de la durabilité. |
Utiliser le modèle pour l’analyse des causes profondes
Plusieurs des exemples susmentionnés montrent également comment ce modèle du pipeline peut offrir un moyen simple de cerner et de communiquer les causes profondes. Il n’y a rien de surprenant à cela, dans la mesure où les relations de cause à effet fonctionnent par définition dans les deux sens – à titre d’exemple, si une pénurie de pièces entraîne l’indisponibilité d’un équipement, la cause de cette indisponibilité est la pénurie de pièces.
Le modèle du pipeline a aussi été utilisé récemment pour cerner les causes profondes dans un audit des déchets dangereux (à paraître prochainement). Dans cet audit, les intrants partent des politiques nationales, passent par des activités de communication des normes et de formation aux niveaux du pays, des régions et des établissements, puis s’achèvent par la mise en œuvre dans chaque établissement. Si tout fonctionnait correctement, la totalité des déchets seraient traités de sorte à protéger la santé humaine et l’environnement. La description des éléments circulant dans le pipeline et des résultats aide les auditeurs à bien comprendre les processus et les contrôles concernés, ce qui, par ricochet, facilite l’identification des « fuites » et de leurs causes profondes.
Marche à suivre pour appliquer le modèle du pipeline à un audit axé sur les résultats et à l’analyse des causes profondes
Les phases normalisées d’un audit (planification, examen et production du rapport) sont énumérées ci-dessous, et des suggestions sur la mise en œuvre du modèle du pipeline sont formulées en gras.
- Acquérez les connaissances nécessaires sur l’activité auditée – cette première étape reste essentielle pour bien planifier l’audit.
- Identifiez les aspects les plus importants du sujet, notamment les intrants relatifs à l’activité auditée, les sous-activités et les processus clés, ainsi que les principaux résultats escomptés. Essayez de les représenter par un graphique simple en forme de pipeline.
- Évaluez les risques pour identifier les problèmes liés aux résultats dont la probabilité et l’impact inhérents sont les plus importants, en prenant en compte l’économie, l’efficience et l’efficacité.
- Rassemblez les données sur les résultats réels. Quelles sont les lacunes apparentes? Réfléchissez aux causes profondes possibles. Sur le graphique en forme de pipeline, indiquez où des fuites sont susceptibles de perturber les résultats et où les contrôles de gestion semblent défaillants. Ceci permet d’ajuster votre évaluation des risques pour tenir compte du risque résiduel (si votre bureau d’audit fonde l’étendue de ses audits sur le risque résiduel, et non sur le risque inhérent).
- Déterminez l’étendue de l’audit sur la base de l’évaluation des risques, ainsi que des considérations relatives à l’auditabilité et à la valeur ajoutée. Définissez l’objectif de l’audit et les critères à utiliser.
- Identifiez des stratégies de collecte et d’analyse des éléments probants permettant d’obtenir des éléments probants suffisants et appropriés sur les résultats et sur les lacunes en matière de contrôles de gestion qui produisent des résultats insuffisants.
- Procédez à l’examen en appliquant la stratégie de collecte et d’analyse des éléments probants afin de rassembler des éléments probants suffisants et appropriés pour évaluer chaque critère de l’audit.
- Rédigez le rapport en y intégrant les constatations importantes. Essayez d’utiliser l’analogie du pipeline dans votre récit – quels résultats font défaut, où se trouvaient les fuites et quels contrôles de gestion sont défaillants?
Conclusion
Chaque audit de performance est complexe, en particulier s’il est axé sur les résultats et les causes profondes. Face à la complexité, le mieux pour l’auditeur est d’utiliser des méthodes simples. Je trouve que cette analogie simple du pipeline est un moyen efficace de délimiter l’étendue des audits de performance et de rendre compte des constatations. J’espère que ces conseils vous seront utiles!
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AVIS : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteure et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de la Fondation.
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